« Stadium » fait entrer le foot au théâtre
Stadium Performance documentaire de Mohamed El Khatib Avec 53 supporters du Racing Club de Lens Jusqu’au 7 octobre 2017 Du mardi au samedi à 20h30 Tarifs : de 15 à 30 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 62 52 52 Durée : 1h45 La Colline avec le Théâtre de la Ville et le Festival d’Automne |
Jusqu’au 7 octobre 2017, puis à Saint-Germain-en-Laye, Chelles, Tremblay-en-France, Colombes, Beauvais etc
Au Théâtre de la Colline, Mohamed El Khatib, fan de foot, a invité 53 supporters du RC Lens à partager avec le public leur passion inconditionnelle et leur amour pour le Stade de Lens et leur équipe. Dans cette région du Nord de la France délaissée par les politiques, seuls le football et la vie qui tourne autour créent du lien social, de l’amour et de l’espérance. Un spectacle enthousiasmant, produit avec le Théâtre de la Ville et le Festival d’Automne, qui rapproche deux mondes que tout oppose, le théâtre et le foot. Baraque à frites et pom-pom girlsOn n’est pas obligé d’aimer le football pour aller découvrir le réjouissant Stadium de Mohamed El Khatib qui se joue encore une semaine au Théâtre de la Colline avant de tourner dans toute la France. Ce qui s’y passe durant la représentation de ce moment unique réconcilie les amateurs d’un théâtre populaire, sincère, intelligent et terriblement en phase avec notre époque. Le fruit de trois ans de travail et d’entretiens menés avec les supporters du RC Club de Lens, la force de conviction du metteur en scène et son ouverture aux autres ont permis à ces jeunes, moins jeunes, grand-mère octogénaire de dix enfants, chômeurs ou marginaux reconvertis dans le foot de venir témoigner, micro en main, maillot sur le dos, devant nous. Entre une baraque à frites ouverte et grouillante de monde à l’entracte et un promontoire mobile de gradins, ils vont venir nous expliquer leur amour du foot. Vidéos et folklore rouge et or Au delà d’une reconstitution imagée et fictive, au delà du mythe du sport comme spectacle collectif et festif, « Stadium » met en scène des fils ou petits fils de mineurs et d’ouvriers dans cette région du Nord de la France frappée de plein fouet, il y a trente ans, pas la fermeture des usines de textile ou les mines de charbon. Des populations entières de villes et de villages qui se sont retrouvées sans présent ni avenir, et que les politiques, tous bords confondus, ont abandonnées. Dès lors, on ne peut qu’être ému, bouleversé de les entendre chanter « Les corons » de Pierre Bachelet à la mi-temps d’un match du Stade Bollaert, de voir des familles entières, à trente, brandissant bannières et drapeaux rouge et or du Club lensois, glorieux tenant du titre en Ligue 1 en 1998. Depuis, et même si Lens piétine en Ligue 2, les coeurs sont toujours bien battants. Le foot comme remède aux maux de la vie « Avec le foot, on oublie tout ». La présence de Mohamed El Khatib, faux candide qui tel un journaliste-sociologue cherche à déstabiliser ses interlocuteurs sans jamais les mépriser, est un cadre rassurant et fraternel. Jonathan, le « capo » chef de tribune, a tout abandonné, études et mariage, pour guider ses ouailles et mettre de l’ambiance dans les tribunes. De la violence ? Du hooliganisme ? C’est faux, répondent le seul maire encore communiste de la région, ainsi que tous les « ultras » de l’équipe de Lens. On vibre, on mange, on boit, on chante, on enfante pour le RC de Lens, les grands mère tricotent et cousent des drapeaux et écharpes, et les matchs sont des moments de communion collective qui permettent de rêver, d’espérer, de vibre et d’aimer en oubliant un quotidien plus gris que rose. Le Front National grignote déjà à 45% l’électorat de la région, mais les Lensois et les supporters préfèrent l’oublier et se reconnaissent avant tout dans une passion collective du jeu et de la fête, sans rien attendre du gouvernement actuel. Sur scène et dans le hall du théâtre, trompettistes et pom-pom girls, aussi ravissantes que sexy, poursuivent la fête en musique et en chansons, avec le public déchaîné qui chante en coeur. Un moment de fraternité unique dans ce monde parisien protégé du théâtre. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Pascal Victor] |
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